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mercredi 26 janvier 2011

Céréaliculture: L’agrégation en panne


· Sur 2 ans, un seul projet dans le bour favorable · La filière peine à drainer les financements Deux années après le lancement du Plan Maroc Vert, la plus importante filière, la céréaliculture en l’occurrence, peine à s’insérer dans la dynamique enclenchée par les autres secteurs de production végétale et animale. En cause, le financement bancaire, signale Amine Kandil, directeur général du groupe Charaf Corporation/Fertima.
Groupe qui constitue avec les Moulins du Maghreb le seul agrégateur actif jusqu’à présent dans le domaine des céréales. Le projet Tanmia, c’est le nom du programme qui a démarré il y a deux ans dans la région de Chaouia/Ourdigha avec une superficie de 1.000 ha.
Cette année, il a été étendu à la région du Grand Casablanca avec l’objectif de porter la surface à 5.000 ha. Niveau qui reste, toutefois, en deçà des objectifs de la convention d’agrégation qui cible 10.000 ha/an. Selon les promoteurs du projet, le rythme assez lent des réalisations tient surtout au déficit d’accompagnement du système bancaire. A commencer par la banque dédiée. Cette dernière, règles prudentielle obligent, préfère traiter directement avec les exploitants agrégés moyennant les garanties requises. Ce qui n’est pas le cas pour d’autres agrégateurs opérant notamment dans les filières laitière, sucrière, oléicole ou encore maraîchère. Pourtant, la mission de l’agrégateur consiste en ce triptyque: financement, encadrement et commercialisation. Des opérations qui appellent en toute logique, des investissements à dégager sur le marché des capitaux. D’autant plus que le pays dispose d’une stratégie ayant reçu l’appui unanime de toutes les composantes politiques et économiques. Et la filière céréalière en constitue l’épine dorsale. De par, d’abord l’importance des superficies qu’elle occupe: 68% de la superficie agricole utile. Ensuite, en raison du poids socio-économique et de l’impact sur la balance des paiements. Les importations ne baissent pas à moins de 6 millions de tonnes. Ceci, quels que soient les résultats de la campagne. Et pour cause! Les minotiers n’intègrent qu’une faible part du blé tendre local dans la fabrication des farines. Laquelle est estimée à quelque 20%. Or, la première expérience du projet Tanmia a été concluante avec une qualité spécifique proche des performances internationales: plus de 80 kg/hectolitre pour un maximum de 85 kg. «Résultat, le blé fruit du projet a été utilisé à hauteur de 50% par le minotier associé», se félicité Kandil. Pourquoi la filière céréalière n’attire pas encore les agrégateurs? Plus particulièrement dans le bour favorable où les marges de progrès restent énormes. Pour les initiés, la problématique a pour nom l’absence de visibilité. Pour certains, il s’agit de l’amont qui demeure plombé par l’aléa climatique, la micro-exploitation et le manque de diffusion des acquis technologiques. Alors que pour d’autres, le gros du problème se situe au niveau de la commercialisation Quoi qu’il en soit, la filière se caractérise par un faible niveau de productivité jugulé, en particulier, par une forte occupation des sols. Pour inverser la situation, le Plan Maroc Vert prévoit l’investissement d’une enveloppe globale de 29 milliards de DH à l’horizon 2020 dont 8 à 12 milliards pour l’amont agricole. «Il s’agit de restructurer l’amont céréalier autour de projets d’agrégation avec un noyau productiviste de 1 million d’hectares», est-il précisé dans le contrat-programme liant l’interprofession à l’Etat. L’objectif est de sécuriser une production céréalière moyenne de 7 millions de tonnes. Ceci, tout en réduisant les superficies actuelles. De 5,3 millions d’hectares en moyenne actuellement, les surfaces emblavées en céréales seront ramenées à 4,2 millions d’ici l’échéance 2020. Parallèlement, la production devrait augmenter de 15 à 25 millions de quintaux. Le volume de production escompté à l’amont devrait générer un chiffre d’affaires d’environ 15 à 20 milliards de DH au lieu de 10 milliards réalisés en 2008 (année de référence). Parallèlement, la valeur des importations sera limitée à moins de 5 milliards de DH/an contre 6 milliards réalisés ces dernières années.

Accompagnement 
Les engagements de l’Etat consistent à soutenir la mise à niveau de toute la filière y compris la réforme du système de compensation de la farine du blé tendre. Il en est de même de l’organisation du marché céréalier et de la sécurisation des investissements via l’assurance agricole. A charge pour les opérateurs de diffuser les bonnes pratiques en termes de techniques culturales et d’encadrement sur le terrain. A. G. 

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