Une chef marocaine prépare un plat lors de cette deuxième édition de ce Festival de cuisine |
Gastronomie. Lors d’un festival à Casablanca, des chefs des deux pays ont échangé leurs recettes, pour le plus grand bonheur des papilles. Le Maroc peut apprendre de Français en terme de « techniques de décoration ».
«C’est historique: nous assistons à l’introduction de la truffe blanche du Maroc dans la gastronomie française! », s’emballe Abdelaziz Laqbaqbi.
Pour sa deuxième édition, ce Festival de cuisine a rassemblé fin mars une cinquantaine de chefs au total: « show cooking », conférences, présentation de produits du terroir ont été autant d’occasions d’enrichissement mutuel.
Dans le hall d’honneur, le jeune chef Marc Lahoreau brandit la « terfezia » (le nom scientifique de la truffe blanche marocaine) telle une pépite, sous le regard de quelques dizaines de professionnels et passionnés.
Un plat historique
« Cette truffe, on va la placer dans les gnocchis... », précise ce lauréat d’un concours des « Espoirs de Mougins » (sud de la France). « C’est historique: l’introduction de la truffe blanche du Maroc dans la gastronomie française! », s’exclame alors, au premier rang, le Pr Abdelaziz Laqbaqbi, chirurgien de profession mais grand passionné de cuisine. Lui-même a importé dans l’Atlas marocain la truffe noire du Périgord, le « diamant noir » aux prix prohibitifs, après une scrupuleuse étude des sols et du climat.
« J’ai découvert ça tout à l’heure sur un stand. Je l’utilise crue mais on m’a dit qu’on pouvait aussi la faire cuire avec du safran », poursuit Marc Lahoreau. « On peut vraiment piocher des choses partout où on passe », ajoute cet ancien pensionnaire de la Maison Troisgros de Roanne (centre-est de la France).
A quelques dizaines de mètres de là, attablé au bord de l’océan, Frédéric Jaunault, meilleur ouvrier de France 2011, résume l’esprit du festival. « Je veux sensibiliser les Marocains sur ce qu’ils peuvent faire avec les produits magnifiques à leur disposition », dit-il. Mais « ce qui fait venir un chef français ici, c’est l’échange », enchaîne ce designer fruits et légumes.
En France, observe-t-il encore, on délaisse trop la +cuisine cuisinée+, comme les blanquettes, au profit d’une cuisine d’assemblage. Au Maroc, on est toujours dans ça: des tajines qui prennent le temps de cuire pendant des heures ».
Habituée à représenter le Maroc dans des compétitions internationales, Hind Houbachi estime, elle, que la gastronomie marocaine peut apprendre de la Française en terme de « techniques de décoration ». Il y a deux ans, à Dubaï, « j’ai fait un tajine de poisson avec des ingrédients typiquement marocains (huile d’olive, argan, romarin...) mais une présentation plus design », relève-t-elle. Au Maroc, dont la gastronomie est l’une des plus réputées du monde arabe, « tout le monde s’improvise cuisinier ». Pour autant, « il faudrait donner un coup de pouce aux jeunes talents et ne pas rester seulement sur l’aspect traditionnel », note-t-elle.
Publié le vendredi 03 mai 2013 à 08H00
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