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mardi 21 mai 2013

Allemagne : quel bilan pour les zones environnementales ?


Cinq ans après l'introduction des premières zones environnementales à Berlin, Cologne et Hanovre, l'Allemagne compte aujourd'hui 51 Umweltzonen. Sont-elles vraiment efficaces ? A l'occasion de l'année de l'air en Europe, les organisations environnementales dressent le bilan.

"Le bilan est très constrasté", explique d’emblée Jens Hilgenberg du « Bund », la branche allemande des Amis de la terre, au sujet des zones environnementales crées dans plusieurs grandes villes du pays. Ces zones ont pour but de limiter la pollution dues aux véhicules en les classant du vert au rouge selon les émissions de particules. Une mesure qui reste d’application volontaire : les communes et agglomérations ne sont pas tenues  de créer ces zones environnementales et si elles le font, elles en choisissent les critères (étendue, contrôles plus ou moins effectifs, etc). Dans un premier temps, les autorités communales délimitent leurs zones environnementales, généralement en centre-ville, ainsi qu'un seuil d'émission autorisé dans cette zone. L'administration reconnait trois niveaux d'émissions auxquels correspondent trois plaquettes, verte pour les véhicules les plus vertueux, orange et rouge pour les plus polluants. En théorie, il en coute 40 euros au chauffeur du véhicule non autorisé à circuler dans la "Umweltzone" ainsi qu'un point de permis en moins. Or, certaines communes autorisent la circulation aux véhicules uniquement équipés de la plaquette verte. D'autres se veulent plus flexibles et autorisent les véhicules arborant une plaquette verte ou orange. Et  font preuve d’un certain laxisme en matière de contrôle policier... Un système peu dissuasif renforcé par les dernières déclarations du ministre des transports, le conservateur bavarois Peter Ramsauer (CSU) : il prévoit de retirer l'option du point en moins sur le permis.

Succès à Berlin

Berlin donne en tout cas l'exemple. Selon l'organisation environnementale Deutsche Umwelthilfe (DUH), l'émission de particules fines a baissé dans la capitale allemande de 58% depuis 2008, celle de l'oxyde d'azote d'1/5ème. "La zone environnementale de Berlin comprend des quartiers entiers, c’est la plus vaste du pays. Et la police exerce un véritable contrôle", explique Jens Hilgenberg. Dans les autres villes, les résultats ne sont pas aussi probants. En cause, selon la DUH, le manque de contrôle par les communes : elle a pu constater que le contrôle policier restait occasionnel, voire quasi inexistant dans 30 des 47 communes inspectées. A coté de Berlin, seules les villes de Brême, Hanovre et Leipzig peuvent se targuer d'un contrôle vraiment efficace - et d'une baisse significative des émissions de particules fines.

La législation environnementale au secours des "Umweltzonen"

Mais de manière plus générale, les zones environnementales ne suscitent pas d'engouement au sein des communes allemandes. La fédération des constructeurs n’a d’ailleurs cessé de lutter contre ce dispositif depuis sa création. Ce contexte a poussé l’ONG DUH à se tourner vers la législation pour contraindre non seulement les communes mais aussi les Länder réticents à créer ces zones. Estimant qu’il s’agit du moyen le plus efficace à ce jour pour améliorer la qualité de l'air en ville, elle s’appuie sur la récente décision de justice du tribunal administratif fédéral qui a renforcé le droit des habitants devant les autorités de la ville, en leur donnant la possibilité de porter plainte lorsqu'ils estiment que la commune ne prend pas ou trop peu de mesures pour améliorer la qualité de l'air. Avec succès, puisque le Land de Hesse, où se trouve Francfort, s'est vu contraint d'introduire des zones environnementales dans deux villes importantes du Land, Darmstadt et Wiesbaden. Mayence, la capitale du Land voisin de Rhénanie-Palatinat, est également concernée ainsi que Munich en Bavière.
Pourquoi les communes sont-elles aussi réticentes à mettre en œuvre ce dispositif ? Parce qu'il les oblige à revoir la planification des transports, une planification qui s'est largement appuyée sur le tout-automobile depuis la reconstruction des villes allemandes dans l'après-guerre. Et au-delà, c’est toute la mobilité qu’il faut revoir, souligne Jens Hilgenberg. "Ce n'est pas tout de créer des zones environnementales, il faut arriver à faire baisser le nombre de voitures dans les villes, explique-t-il. Plus de vélos, plus de transports publics, avec des bus équipés de filtres adéquats, mais aussi arrêt de l'étalement urbain… La mobilité durable ne peut plus reposer sur le seul schéma automobile." La création  des "Umweltzonen" est un premiers pas.  
Claire Stam à Francfort (Allemagne) 
source: http://www.novethic.fr/novethic/allemagne_quel_bilan_pour_zones_environnementales

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