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Haut Commissariat aux Eaux et Forêts |
- UNE SOUCHE SUPER RÉSISTANTE À PARTIR DE GRAINES MAROCAINES
- ARGAN 100 PRODUIT 10 FOIS PLUS ET S’ADAPTE AU CLIMAT MÉDITERRANÉEN
- LE MAROC DEMANDE LA RECONNAISSANCE DE L’IGP ARGANE À BRUXELLES
Attention à ne pas tomber dans le piège du lièvre et de la tortue. Même si l’argan est un don, un phénomène naturel et endémique dont le Maroc détient le monopole depuis des siècles, Israël l’aura très facilement battu en brèche dans quelques années.
Les considérables efforts en R&D consentis par ce pays en matière d’agronomie et d’agriculture l’ont déjà propulsé au rang des plus grands.
C’est bien de rassembler la matière grise nationale pour fabriquer une voiture électrique 100% marocaine, de nouvelles variétés de blé résistantes à la sécheresse, mais aujourd’hui, il y a urgence pour faire décoller le secteur de l’arganier encore artisanal, et l’élever à un stade plus avancé, plus industrialisé. Sinon, c’est la porte ouverte à d’autres pays qui ne vont pas hésiter à concurrencer le Royaume sur son propre terrain

Le monopole mondial de l’arganier marocain serait-il en train de se fissurer? Le Maroc se laissera-t-il distancer sur son propre terrain? En tout cas, avec la guerre de l’argan qu’Israël mène actuellement tambour battant, le risque est grand… très grand. Une société israélienne baptisée Sivan a récemment annoncé que «des graines d’argan provenant du Maroc ont été clonées et multipliées, créant ainsi une souche d’arganier, dénommée argan 100, capable de s’adapter au climat méditerranéen produisant dix fois plus de noix que la moyenne d’un arbre au Maroc». Les représentants de cette entreprise israélienne auraient déclaré que «ces arbres, plus résistants aux maladies du sol, peuvent produire des noix 10 fois plus grosses que les noix d’arganier marocain».
Ces arbres poussent aujourd’hui sur le sol israélien, alors qu’il s’agissait d’une exception marocaine. Pour l’instant il ne s’agirait que de 20.000 arbres contre 50 millions actuellement dans le Royaume, mais il ne faut pas oublier qu’en Israël, les investissements en R&D sont très importants. C’est grâce à la sélection et la multiplication des plants que l’entreprise pourra passer au stade industriel. Même si, pour l’heure, elle commercialise encore l’huile d’argan marocaine, elle compte, dès que les premiers fruits seront récoltés, vendre l’huile d’argan israélienne…
Au Maroc, l’importance économique et sociale du produit est justement à l’origine des mesures de protection et de structuration déjà lancées. Pour compléter son dispositif de lutte contre l’exportation illégale et les nombreux actes d’usurpation, l’Association marocaine de l’indication géographique de l’huile d’argane (Amigha) vient de déposer une demande de reconnaissance de l’IGP Argane auprès de la commission européenne à Bruxelles.
«Cette initiative permettra de promouvoir davantage le produit argan et de protéger l’appellation en Europe afin de lui accorder le statut qu’elle mérite», explique Dr Mohamed Ourais, président d’Amigha. A noter que cette démarche est une nouvelle étape dans un long processus qui est mis en œuvre depuis quatre ans. En effet, pour préserver cet arbre de la providence et cette huile précieuse, le gouvernement a adopté en 2008 un cadre législatif permettant la reconnaissance et la protection des produits du terroir à travers la loi 25/06 relative au signe distinctif d’origine et de qualité (SDOQ).
C’est dans ce sillage, pour protéger l’appellation argan contre toutes les fraudes et les usurpations commerciales et accompagner le développement de la filière, que l’Amigha a été créée à l’initiative du conseil régional du Souss-Massa-Draâ et que le label IGP Argane (Indication géographique protégé argane) a été lancé. «Ce label s’inscrit dans une démarche de recherche de l’authenticité liée à chaque étape de la chaîne de production. Il garantit un savoir-faire local, assure la qualité de l’huile produite, permet d’augmenter la valeur ajoutée locale et donc profite aux populations qui en produisent», est-il indiqué.
Une action de promotion musclée concernant la protection et la promotion du produit sous le signe IGP Argane sera ainsi menée par l’Amigha. «La richesse que détient le Maroc à travers cet or vert est fortement enviée», souligne Ourais. Selon lui, l’annonce médiatique de la société israélienne «qui compte casser le monopole du Maroc dans la production de ce produit», n’est pas fortuite. Elle coïncide justement avec le dépôt de la demande de reconnaissance de l’IGP Argane auprès de la Commission européenne à Bruxelles.
Pour Mohamed Ourais, tout cela n’est pas inquiétant et nullement menaçant pour le Maroc. «Si tout cela s’avérait vrai, ce ne serait pas une production à grande échelle». Il souligne dans ce contexte que la production en Israël est conduite impérativement en irrigué alors qu’au Maroc, c’est une plante végétale qui pousse naturellement sans aucun apport en irrigation et intrants.
Il rappelle également les ambitions du Maroc à l’horizon 2020 qui sont de planter plus de 200.000 ha additionnels à raison de 150 à 200 arbres par hectare. En attendant, il faut rappeler que la superficie couverte à l’heure actuelle est estimée à 870.000 hectares. Une forêt qui commence au-dessus d’Essaouira, longe l’Atlantique jusqu’à Guelmim tout en s’étendant dans la région du Souss, particulièrement à Taroudant, Tiout, Ait Baha, Tafraout et Tiznit. Dans cette contrée où la sécheresse est devenue un phénomène structurel, l’arganier, qui arrive à se développer même sur des socles rocheux et des zones arides, est une véritable providence pour les habitants, notamment de l’arrière-pays. Dans ce milieu, son rôle social n’est plus à prouver. D’après le département des Eaux et Forêts, l’arganier permet la subsistance de 3 millions de personnes dans le sud du Royaume. Par ailleurs, il fournit 20 millions de journées de travail par an. Son exploitation constitue en effet une activité génératrice de revenus et a toujours eu une fonction socioéconomique.
Recherche
Selon les représentants d’Amigha, c’est dans les années 70 que le Maroc a permis la sortie de matériel végétal dans le cadre de la recherche scientifique. Ils soulignent également qu’Israël fait des efforts pour produire de l’huile d’argan, mais ce qui est connu, c’est que la plantation de l’arganier se développerait dans ce pays surtout comme support végétal pour les zones arides dans le cadre des cultures alternatives.
Malika ALAMI
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