Introduction
La production agricole subit l’impact des
changements climatiques, écologiques et environnementaux. Dans le même
temps, l’intensification des pratiques agricoles, la croissance
démographique, l’urbanisation et l’industrialisation exercent également
un impact sur l’écologie et l’environnement. Dans ce contexte, parvenir à
une durabilité écologique est souvent perçu comme un
objectif souhaitable. Mais qu’est-ce que la durabilité écologique ?
Sa
signification semble être différente lorsqu’elle est examinée selon le
point de vue de divers experts, qu’ils soient
environnementalistes, sociologues ou économistes. Néanmoins, il est
essentiel d’avoir une notion claire de ce qu’elle signifie dans une
situation ou un contexte spécifique. Elle peut être aussi insaisissable
que le « développement durable », pour lequel existent plusieurs
définitions parfois contradictoires et un consensus sur la façon de le
réaliser n’a pas encore été atteint. Durabilité écologique
Une
définition commune de la durabilité écologique fait référence à la
capacité des écosystèmes à maintenir leurs fonctions et processus
essentiels, et à conserver leur biodiversité dans sa pleine mesure sur
le long terme . Cela suppose la capacité d’un écosystème à maintenir
sa productivité sur une période prolongée . Toutefois, compte tenu de
la dynamique essentielle des écosystèmes, de l’environnement, de la
socio-économie et de la société ainsi que des interactions entre eux,
ces définitions semblent trop restrictives, d’une part, et trop vagues,
d’autre part.
Une autre manière, probablement plus appropriée, de
définir la durabilité écologique est la suivante : « le maintien des
systèmes essentiels à la vie et la réalisation d’un taux d’extinction
“naturel” ». Dans ce contexte, les systèmes essentiels à la vie
désignent le système climatique, le cycle des nutriments, etc. en vue
d’obtenir un état géophysique sain. Le taux d’extinction « naturel »
s’entend comme étant le taux d’extinction contextuel qui s’applique
entre les événements d’extinction majeurs déclenchés par de grands
impacts de météorites, le changement climatique et les actions des êtres
humains qui ne sont pas en mesure de maintenir la durabilité écologique
dans leur contexte local.
Il est important pour un pays dans son
ensemble d’élaborer une stratégie nationale afin de réaliser
la durabilité écologique dans un délai souhaitable et de la maintenir au
fil de l’évolution de la société et de l’environnement. La question se
complique dès lors que les écosystèmes et les environnements, y compris
les systèmes dominés par les êtres humains, sont considérés comme des «
systèmes adaptatifs complexes » en raison de leur dynamique intrinsèque.
Ces systèmes sont évolutifs plutôt que mécanistiques et ne présentent
qu’un degré limité de prévisibilité. La compréhension des problèmes
et des contraintes résultant de cette dynamique évolutive est une
question essentielle pour la gestion durable des écosystèmes et de
l’environnement. La recherche joue alors un rôle important afin
de générer les connaissances nécessaires pour favoriser la compréhension
de ces processus et interactions, sur la base desquelles prévoir les
changements futurs.
La plupart des définitions de la durabilité écologique incorporent un certain nombre de principes communs, dont les suivants :
- Conservation de la biodiversité et de l’intégrité écologique (y compris l’arrêt de la perte de biodiversité non évolutive)
- Capital naturel et revenus durables
- Équité intragénérationnelle (au sein des générations) et intergénérationnelle (entre les générations)
- La dimension mondiale
- Traitement prudent du risque, de l’incertitude et de l’irréversibilité (Principe de précaution des Nations unies)
- Évaluation économique appropriée des biens et services basés sur l’écosystème
- Intégration des objectifs environnementaux et économiques dans les politiques et les actions.
- Équité sociale et participation communautaire.
Réaliser la durabilité écologique
Il
existe diverses approches pour réaliser la durabilité écologique. Les
deux exigences fondamentales suivantes, telles que conçues par l’ONG
Natural Step, sont communes à toutes les approches :
- La diversité de la vie et la base de sa productivité doivent être maintenues.
- La société doit s’organiser afin que l’approche soit facile à réaliser et à maintenir.
La
diversité de la vie et la base de sa productivité ne doivent pas être
systématiquement diminuées et, lorsqu’elles ont été diminuées, doivent
être rétablies à des niveaux « naturels ». En premier lieu,
cela implique la nécessité d’une connaissance approfondie de l’état
actuel des écosystèmes et des environnements pertinents pour la
production agricole en tant que référence pour la gestion intégrée et la
prise de décision.
En outre, cela nécessite une surveillance
systématique des écosystèmes et des environnements, afin de déterminer
les résultats des actions et interventions et d’identifier
les changements (tendances) éventuels dus à d’autres impacts tels que le
changement climatique, l’urbanisation et l’industrialisation.
Des
écosystèmes sains offrent des biens et des services vitaux aux humains
et autres organismes. Une façon courante de réduire l’impact négatif
d’origine humaine et de renforcer les services des écosystèmes passe
par une gestion basée sur les écosystèmes, généralement fondée sur
les informations acquises à partir de la science de la Terre, la science
environnementale et la biologie de la conservation. Toutefois, il
s’agit d’une gestion qui se situe à la fin d’une longue série de
facteurs de causalité indirects, initiés par la consommation humaine.
La
société dans son ensemble (secteurs public et privé) doit se
réorganiser et élaborer et adopter des stratégies et politiques
nationales pour faciliter le maintien de la diversité de la vie en tant
que base pour une productivité agricole soutenue (et si possible
accrue). Cela implique que la société doit développer la capacité et la
résilience nécessaires pour détecter, résoudre et, de préférence,
prévenir en temps et en heure les problèmes majeurs liés à
l’environnement et aux écosystèmes. Cette démarche requiert, à son tour,
une volonté politique et des ressources financières à investir dans
l’avenir.
Une stratégie nationale pour atteindre ces objectifs
devrait inclure la fixation d’objectifs clairs et de cibles réalisables
et la mise en oeuvre d’actions concrètes. Une question vitale, dans ce
contexte, est l’imposition de limites sans équivoque au « développement
», basées sur une compréhension scientifique et accompagnées d’une
sensibilisation à tous les niveaux, outre une surveillance et
un contrôle rigoureux. De même, il convient d’éviter les facteurs
suivants, qui sapent la durabilité écologique :
- Des accroissements systématiques des concentrations dans la nature de substances qui proviennent de la croûte terrestre (exploitation minière) ou qui sont produites par la société (déchets).
- Des accroissements de la manipulation ou de la récolte des produits de la nature.
- Le non-rétablissement de la base écologique pour des écosystèmes sains, la biodiversité et la productivité écologique et agricole.
Daly a suggéré trois grands critères de durabilité écologique :
- Les ressources renouvelables devraient permettre un rendement durable (le taux de récolte ne devrait pas excéder le taux de régénération).
- Pour les ressources non renouvelables, il devrait y avoir un développement équivalent de substituts renouvelables.
- La génération de déchets ne devrait pas excéder la capacité d’assimilation de l’environnement.
Ces critères devraient être inclus dans les stratégies et
politiques gouvernementales et être soutenus par une plateforme de
leaders visionnaires issus de la société en général, dont le secteur
privé et l’ensemble de la population, afin de garantir leur durabilité.
par: Paul Geerders, consultant
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