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jeudi 1 mars 2012

Maroc-Les agriculteurs veulent des mesures anticrises concrètes

Ils veulent être consultés sur la nature des aides dont ils ont besoin.
5 millions d’hectares sur 9 millions arables sont consacrés aux céréales.
#Pour une situation inquiétante, c’en est une. La pluie se fait toujours désirer et la combinaison avec le froid qui persiste n’est pas pour arranger les choses. Ce sont, selon les professionnels, les ingrédients d’une année agricole moyenne, voire morose. Car, quand bien même le mois de mars pourrait-il charrier quelques précipitations, la campagne est bel et bien touchée.
Par rapport aux performances de 2009 (100 millions de quintaux de céréales) et de 2010 (75 millions de quintaux), l’on espère arriver à une moisson de 50 millions de quintaux. Optimisme mesuré, mais qui dépend entièrement des aléas du ciel durant les prochains jours. Aujourd’hui, agriculteurs, petits et grands attendent un signal du département de tutelle qui n’arrive toujours pas. Le ministère de l’Agriculture en est à la phase de recensement des dégâts et zones touchées. Le chef du gouvernement a parlé d’une situation de crise à laquelle il faut être prêt à réagir. Contacté, Mohamed Hakech, SG de la Fédération nationale du secteur agricole (FNSA/UMT), estime qu’il s’agit de la première réelle épreuve du Plan Maroc Vert, étant donné que depuis son lancement, ce programme n’a pas souffert d’années difficiles. Quant aux aides en nature, notamment les semences et engrais, annoncées par le ministère, les professionnels les qualifient d’action de solidarité qui ne répond pas à la gravité de la situation. À plus forte raison, précise Hakech, que les concernés n’ont pas été consultés sur leurs besoins réels comme ils ne l’ont pas été lors de la préparation du Plan vert. « La plupart des 1,5 million d’agriculteurs n’ont pas accès au crédit, pour se préparer à la prochaine campagne, faute de garantie », ajoute le syndicaliste. De l’avis d’Ahmed Ouayach, président de l’influente Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader), « il est trop tard de donner des semences aux cultivateurs de pomme de terre qui ont perdu 5.000 hectares de cultures dans les régions du Gharb, Loukouss et Zaïr ». Et d’ajouter que les agriculteurs pâtissent de l’impact négatif de deux campagnes successives difficiles, les inondations de 2010 ayant fortement frappé les plaines du Gharb et de Souss. La plupart se muent en ouvriers agricoles pour joindre les deux bouts en attendant un ciel plus clément. C’est ce qui explique l’importante migration qu’une région comme le Souss-Massa connait en pareille situation. Quid des fruits, légumes et cultures sucrières ? Généralement, il n’y a pas péril en la demeure. Mais, un retour brusque de la chaleur, coup de chalumeau, après une période de froid risque de causer des dégâts. En tout cas, les cultures d’exportation n’ont pas subi de plein fouet les changements de température, de l’avis des professionnels. Aujourd’hui, en pleine situation de crise, marquée par la flambée des cours mondiaux du blé et de la canne à sucre, le débat sur la sécurité alimentaire reprend de plus belle (voir encadré). Privilégier des cultures alternatives aux céréales, comme l’arboriculture, est aujourd’hui une option fortement remise en cause.

Balance commerciale alimentaire

Ce sont pas moins de 5 millions d’hectares sur 9 millions arables qui sont consacrés aux céréales. Et pourtant, le Maroc continue d’importer du blé pour satisfaire ses besoins. Les professionnels estiment que 5 millions de quintaux de blé importé seront nécessaires chaque mois. Malgré tous les efforts de valorisation des cultures d’exportation, la balance commerciale alimentaire reste déficitaire à raison de 19 MMDH en 2010. Durant la même année, le Maroc a importé 10,9 MMDH de céréales contre 4,5 MMDH seulement de tomates et agrumes exportés. Ce qui fait dire au syndicaliste Mohamed Hakech que l’on doit exporter 2 ans pour importer les besoins d’une année. Sachant que le trend haussier des prix des produits agricoles sur le marché mondial est avéré, les professionnels veulent remettre sur le tapis l’idée de la sécurité alimentaire.
Publié le : 27 Février 2012 - Mostafa Bentak, LE MATIN 

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