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vendredi 26 avril 2013

FRANCE: Transition énergétique : le MEDEF plaide pour le nucléaire et les gaz de schiste

L'organisation patronale a présenté ses propositions sur la transition énergétique dans le cadre du débat national lancé par le gouvernement. Maintenir la filière nucléaire et développer l'exploitation des gaz de schiste constituent des priorités pour le Medef, soucieux de « défendre les compétitivité des entreprises en maitrisant le coût de l'énergie ».

Alors que la prochaine session du débat national sur la transition énergétique se tient le 25 avril, Laurence Parisot a présenté les propositions du groupe des entreprises et du Medef en insistant sur les impacts économiques de cette transition et en défendant « le droit des entreprises à avoir les mêmes chances que dans d’autres pays ». Rappelant que dans plusieurs secteurs (plasturgie, chimie…) l’énergie représente « jusqu’à 60% de la valeur ajoutée », les entreprises « sont menacées par les choix énergétiques sur le point d’être actés ». Le Medef s’est livré à un ardant plaidoyer pour défendre la « révolution des gaz de schistes ». « Nous sommes en train de passer à côté de ce choc de compétitivité immédiat et puissant, qui va permettre l’hyper-développement des industries pétrolières aux Etats-Unis », a expliqué Laurence Parisot, qui déplore  « l’absence de débat » sur ce sujet en France.
Quant à  la transition énergétique opérée actuellement en Allemagne, (voir notre article L’Allemagne à la croisée des chemins ) axée sur le développement des énergies renouvelables et l’abandon du nucléaire, Jean-Pierre Clamadieu, président de la commission développement durable du Medef, estime que les 1 000 milliards d’euros d’investissements sont largement payés par le contribuable allemand, et souligne que « l’Allemagne est obligée d’importer du charbon américain pour gérer les problèmes d’intermittence des énergies renouvelables ». Une telle transition « n’est pas possible en France », a-t-il ajouté.

Le nucléaire, « une chance pour la France »
SIX ACTEURS DES ÉNERGIES RENOUVELABLES APPELLENT À PLUS D’AMBITION
« Alors que la France a pris du retard sur ses engagements européens en matière d’énergie, la synthèse du groupe contact des entreprises propose la continuité plutôt que la transition », réagissent France Energie Eolienne, Club Biogaz, ATEE, AFPG, Enerplan, FNB et Amorce, membres du groupe des entreprises. Elles défendent « une vision différente de la transition énergétique » qui « doit d’abord se traduire par une politique ambitieuse en matière de maîtrise de la consommation énergétique, une augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique français, et plus généralement s’engager vers une économie bas carbone ».

Autre pilier du mix énergétique selon le Medef, la filière nucléaire doit être maintenue  ; son prix et son efficacité en matière d’émissions de CO2 constituant une « chance pour la France ». Alors que le gouvernement s’est engagé à réduire la part du nucléaire de 75 à 50%  dans la production électrique d'ici 2025, le Medef défend « une filière d’excellence qui représente 400 000 emplois ». Outre ces deux piliers énergétiques, le Medef défend la maîtrise de l’efficacité énergétique dans le tertiaire et le bâtiment, ainsi qu’un « développement raisonnable » des énergies renouvelables « en évitant de créer une bulle financée par les pouvoirs publics ». Bien qu’un certain nombre d’entreprises de ces filières soit membres du Medef, les objectifs de développement de ces énergies sont « irréalistes », selon Jean- Pierre Clamadieu, car explique-t-il, « on refuse de regarder leur coût ».
Ces propositions ne manqueront certainement pas de susciter de vives critiques au sein du Conseil national du débat sur la transition énergétique, dont le ton s’est durci depuis peu. Rappelons que la France s’est engagée dans le scénario du « facteur 4 », (diviser par 4 les émissions de CO2 en 2050), qui implique aussi une division et par 2 de la consommation d’énergie d’ici 2050. Pour le Medef, cet objectif  sur la demande d’énergie est irréaliste – les entreprises du secteur électrique tablent au contraire sur une hausse continue de la demande et voient dans cet objectif un « dogme énergétique », émanant des partisans de la décroissance et incarné selon l’Union française de l’électricité par des associations comme négaWatt et Global Chance…(voirédito de l’UFE )

Un consensus impossible ?

Ce scénario a pourtant été validé par l’Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie),
 dont le président a réaffirmé que « la division par deux de la consommation d'énergie d'ici 2050 est possible », l’agence ayant établi une trajectoire pour y parvenir ( voir notre article Le facteur 4 à horizon 2050 selon le scénario Ademe ), tout comme le cabinet d’experts  négaWatt  (voir notre articleDes besoins énergétiques divisés par 2 en 2050 ? ).
Bruno Rebelle, membre du Comité de pilotage du débat sur la transition énergétique et directeur de Transitions, agence conseil en développement durable, a réagi aux propositions des entreprises sur son blog en se déclarant « pantois ». « La transition serait-elle impossible pour les entreprises ? » s’interroge-t-il dans son billet  estimant que les entreprises de l’énergie « refusent d’explorer les pistes d’une compétitivité nouvelle qui reposerait, non sur l’aménagement à la marge du système actuel, mais sur les mutations profondes d’un modèle énergétique »  (…).Les entreprises cherchent selon lui à « garder le nucléaire, le pétrole ». « On rajoute du gaz de schiste, on développe (un peu) les renouvelables et voilà la proposition d’une transition immobile ! » ironise-t-il.

Reste que les décisions qui vont être prises sont déterminantes pour l’avenir énergétique, économique, écologique et social du pays dans un contexte où les investissements effectués au début des années 70 arrivent en fin de vie, où le changement climatique impose une réduction des émissions de GES et où le prix du pétrole augmente ainsi que la  demande des pays émergents…Une « séquence » qui  s’inscrit également dans une ère « post Fukushima » et dans une crise économique durablement installée.
Véronique Smée

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